Article rédigé par Nathan Touati et Antoine Fréchaud – Kinésithérapeutes du sport et co-fondateurs de NeuroXtrain
Introduction
Les tendinopathies de l’épaule, en particulier celles affectant la coiffe des rotateurs, représentent une cause fréquente de douleur et de dysfonctionnement chez les sportifs et les individus actifs. Qu’elles soient aiguës ou chroniques, ces pathologies ont un impact significatif sur la qualité de vie et la performance physique. Les kinésithérapeutes, en tant qu’acteurs clés de la rééducation, jouent un rôle crucial dans la prise en charge de ces affections en adoptant une approche globale qui inclut l’évaluation fonctionnelle, la gestion de la douleur, et le renforcement musculaire.
Tendinopathie chronique de la coiffe des rotateurs
Lorsqu’elle est chronique, la tendinopathie de la coiffe des rotateurs peut être secondaire à divers mécanismes :
- Compression extrinsèque
La théorie extrinsèque du conflit articulaire (contact pathologique entre la face inférieure de l’acromion et la coiffe des rotateurs) conduit à des blessures répétées de la coiffe. La tendinopathie de la coiffe entraîne un affaiblissement des zones de la coiffe, menant finalement à des déchirures partielles ou complètes de la coiffe. La compression mécanique peut être due à une bourse dégénérative, à des éperons acromiaux et à des morphologies acromiales prédisposantes (par exemple, l’acromion en forme de crochet). Ces théories ont été popularisées et modifiées par Watson-Jones, Neer, et Bigliani.
- Mécanismes intrinsèques
Plusieurs théories soutiennent la dégénérescence intrinsèque de la coiffe comme étant la principale source de conflit de l’épaule. De manière générale, les théories de dégénérescence intrinsèque avancent que la dégradation de la coiffe compromet la stabilité globale de l’articulation glénohumérale. Une fois cette stabilité compromise, la tête humérale migre vers le haut, réduisant l’espace sous-acromial. Ainsi, la coiffe devient sensible aux forces de compression extrinsèques secondaires, conduisant finalement à une dégénérescence de la coiffe, une tendinopathie et une déchirure.
- Modifications vasculaires – Les partisans des théories de dégénérescence intrinsèque citent des adaptations vasculaires focales qui surviennent à la suite de changements liés à l’âge et de défaillance intrinsèque de la coiffe due aux forces excentriques répétées subies directement par la coiffe. Lohr et al. ont d’abord démontré une zone distale du tendon supra-épineux du côté articulaire qui manque d’approvisionnement en vaisseaux sanguins, à 1 cm de son insertion. Rudzki et al. ont également démontré une augmentation des régions hypovasculaires en fonction de l’âge dans ces zones distales de la coiffe. Cependant, d’autres études soulèvent une controverse, affirmant que ces zones d’attrition se développent en raison des mécanismes de conflit précédents. En conséquence, le conflit externe entraîne des dommages aux vaisseaux sanguins, une ischémie, une apoptose des ténocytes, une tendinopathie et des dommages de la coiffe.
- Âge, sexe et génétique – Histologiquement, les changements de la coiffe des rotateurs liés à l’âge incluent une désorientation des fibres de collagène et une dégénérescence myxoïde. La littérature indique une augmentation de la fréquence des anomalies de la coiffe des rotateurs avec l’âge. Cette fréquence augmente de 5 à 10 % chez les patients de moins de 20 ans, à 30-35 % chez les personnes dans la sixième et la septième décennie de vie, et atteint 60-65 % chez les patients de plus de 80 ans.
- Forces de traction – Une étude de Budoff et al. propose que la répétition de forces de traction excentriques importantes lors de l’activité physique entraîne de dommages structurels au tendon.
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Évaluation en kinésithérapie
Une anamnèse complète doit être recueillie par les kinésithérapeutes évaluant les patients souffrant de douleurs aiguës ou chroniques à l’épaule. Les caractéristiques d’une histoire d’une éventuelle blessure à la coiffe des rotateurs comprennent :
- Tendinopathie aiguë de la coiffe des rotateurs : antécédents de traumatisme et/ou exacerbation aiguë sur chronique
- Tendinopathie chronique de la coiffe des rotateurs : antécédents ou mécanisme aigu sur chronique, ou présentation d’apparition insidieuse et atraumatique
- Exacerbation des symptômes lors d’activités overhead
- Douleur nocturne
Une anamnèse complète inclut les informations sur le volume d’activité physique, le poste occupé dans certains sports, le type d’emploi, la dominance manuelle (gaucher VS droitier), tout antécédent de blessure/traumatisme à l’épaule et/ou au cou, et tout antécédent chirurgical pertinent.

Conseils pour l’examen physique en kinésithérapie :
Examen de la colonne cervicale/du cou :
Une radiculopathie cervicale coexistante doit être exclue dans toute situation où une pathologie du cou et/ou de l’épaule est envisagée. L’observation de la posture du cou, de la symétrie musculaire, de la sensibilité palpable et de l’amplitude des mouvements actifs/passifs (ROM) doit être effectuée. Les tests spéciaux utiles à cet égard incluent le test de Spurling, les tests de réflexes, évaluation myotomes/dermatomes et un examen neurovasculaire complet.
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Examen de l’épaule :
Les kinésithérapeutes doivent observer l’ensemble de la ceinture scapulaire pour évaluer la symétrie, la posture de l’épaule et la masse musculaire générale. Le « winging » de l’omoplate doit également être exclu. La peau doit être observée pour la présence de cicatrices chirurgicales, de lacérations, ou de rougeurs.
Après la composante observationnelle de l’examen physique, l’épaule doit être palpée pour détecter d’éventuelles zones de douleur. Classiquement, la tendinopathie de la coiffe des rotateurs est corrélée à une douleur antérolatérale à la palpation. Ensuite, l’amplitude des mouvements actifs et passifs des deux épaules doit être réalisée. En cas de tendinopathie de la coiffe des rotateurs, les patients peuvent présenter une amplitude de mouvement active compromise, mais devraient avoir une amplitude de mouvement passive complète. En l’absence de changements dégénératifs avancés affectant l’articulation glénohumérale, une amplitude de mouvement passive limitée est diagnostiquée comme une capsulite rétractile et implique un algorithme de traitement distinct de celui de la tendinopathie/conflit de la coiffe des rotateurs.

Le clinicien peut évaluer la force motrice des racines nerveuses C5 à T1 en plus des tests de force spécifiques des muscles de la coiffe des rotateurs. En particulier, la force et/ou la pathologie de la coiffe des rotateurs peuvent être déterminées par les examens suivants :
1. Supraspinatus (SS)
Le test de Jobe permet de déceler une pathologie ou une rupture du muscle supra-épineux. Le bras du patient est placé à 90° d’abduction dans le plan de la scapula, avec le pouce pointé vers le sol. Le patient doit maintenir cette position pendant que l’examinateur applique une pression dirigée vers le bas. Si le patient ressent une douleur sur la face externe de l’épaule, cela peut indiquer une tendinopathie du supra-épineux. Si le patient est incapable de maintenir la position, une rupture du tendon est fortement suspectée. Dans certains cas, la faiblesse peut être secondaire à la douleur, et un test effectué après quelques jours de traitement, une fois que les douleurs se sont atténuées, peut donner un résultat négatif.
2. Infraspinatus (IS)
Le test de Patte permet de détecter une lésion ou une rupture de l’infraspinatus. Le bras du patient est placé à 90° de rotation externe, avec le coude fléchi. L’examinateur soutient le bras du patient et lui demande de pousser légèrement vers le bas, tout en résistant à une rotation interne effectuée par l’examinateur. Un test est considéré positif si le patient ne parvient pas à maintenir la position, ce qui signe une rupture des muscles rotateurs latéraux (infraspinatus et petit rond), avec une spécificité et une sensibilité excellentes (proches de 100). Si le patient ressent une douleur sur la face postérieure de l’épaule, cela peut indiquer une tendinopathie de ces muscles (cependant ce n’est pas validé comme test spécifique).
3. Subscapularis (SubSc)
Il existe deux tests pour évaluer le subscapulaire :
– Le test du lift-off de Gerber : Le patient place sa main en rotation médiale contre le dos, au niveau de L1. L’examinateur soulève la main du dos et demande au patient de la maintenir ainsi. Si la main revient toucher le dos, le test est positif et indique une rupture complète du tendon du subscapulaire, avec une spécificité et une sensibilité excellentes (proches de 100).
– Le test de pression abdominale (press belly test) : Si le patient ne peut pas placer sa main dans le dos, il la place sur son ventre, et l’examinateur, qui positionne le coude du patient en antépulsion, tente de maintenir la main contre l’abdomen. Si le patient est incapable de maintenir cette position, cela signe une rupture du subscapulaire. Ce test est souvent utilisé en pratique quotidienne. En cas de doute sur une rupture, le test de Gerber est alors réalisé. En règle générale, la rotation médiale n’est pas douloureuse, car lorsque la partie antérieure de la coiffe est rompue, elle n’est plus sollicitée par la rotation médiale.
4. Conflit sous-acromial
Le signe de Neer consiste à effectuer une abduction passive forcée du bras dans le plan de la scapula, après l’avoir positionné en rotation neutre (ou médiale selon certains auteurs), tout en maintenant l’épaule stable de l’autre main. Si le patient ressent une douleur vive, cela indique principalement une inflammation de la bourse sous-acromiale, comprimée entre la partie antérieure de l’acromion et le tubercule majeur de l’humérus, ce qu’on appelle un conflit acromio-huméral.
Le test de Hawkins est réalisé avec le bras du patient fléchi à 90° et le coude à 90°. L’examinateur effectue une rotation interne de l’humérus. Ce mouvement fait passer la grosse tubérosité sous la voûte acromiale, et si la douleur apparaît, cela suggère une lésion de l’une des structures comprimées dans le conflit sous-acromial.
Le rôle de la cryothérapie compressive dans la prise en charge des tendinopathies
Dans les tendinopathies de l’épaule, la gestion de l’inflammation et de la douleur reste une priorité, notamment en phase aiguë ou lors des poussées douloureuses dans les formes chroniques. L’usage combiné du froid et de la compression représente une stratégie efficace pour réduire l’œdème, limiter les réactions inflammatoires excessives et améliorer le confort du patient dès les premières phases de la rééducation.
C’est dans cette optique que l’utilisation du CryoPush de Cryonov trouve toute sa pertinence. Ce dispositif portable, alimenté par batterie, permet une application localisée de froid associé à une compression intermittente. Spécifiquement conçu pour s’adapter à des zones comme l’épaule, le kit CryoPush épaule offre un soutien optimal dans la prise en charge des tendinopathies de la coiffe des rotateurs.
Utilisé en complément des techniques de kinésithérapie, le CryoPush permet de favoriser la récupération tissulaire, de soulager la douleur sans recourir systématiquement aux anti-inflammatoires, et de préparer l’articulation à un travail actif plus précoce. Que ce soit chez le sportif de haut niveau ou chez les patients actifs du quotidien, son intégration au protocole de soin optimise les résultats à court et moyen terme.

Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

Antoine Fréchaud et son associé Nathan Touati sont à la tête de NeuroXtrain, site web spécialisé dans la rédaction d’articles et création de contenus divers sur les sciences du sport, les performances, les nouvelles technologies et la rééducation des athlètes.
Sources :
Varacallo M, El Bitar Y, Mair SD. Rotator Cuff Tendonitis. [Updated 2023 Aug 4]. In: StatPearls [Internet]. Treasure Island (FL): StatPearls Publishing; 2024 Jan-. Available from: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK532270/ Article sous licence creative commons CC-BY. https://www.sfre.org/examen-clinique-de-lepaule-douloureuse/